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Date : 11/4/2014
Lieu : Rochefort.
Activité : Grotte de Lorette.

Description :

Participants : Greg-Fred-Oli-Hughes-Pierre C-Léon-Nath L-Adeline-Thierry.

Lors de la sortie spéléo à la grotte de Vilaine Source, des membres du club avaient convoqué la théorie de la fantomisation de Yves Quinif en nous montrant des roches altérées de certaines parties de la grotte. Ces explications, très stimulantes, nous avaient fait entrevoir autrement la constitution de ce réseau.


C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme et conscient de la chance que nous avions je me suis rendu au rendez-vous pour cette sortie à la grotte de Lorette guidée par Yves Quinif.


Entré par le Val d’enfer, on commence la visite par le laboratoire. Hé oui, là-dessous il y a un labo avec des instruments de mesure enregistrant des données qui permettent l’analyse et une meilleure compréhension de ce que nous voyons : un extensomètre mesure le déplacement de la faille ; faille qui permet de comprendre l’effondrement d’une partie du réseau et les nombreux blocs qui l’encombre.
Il y a aussi un sismomètre faisant partie d’un réseau international de suivi de l’activité sismique, des instruments mesurant la gravité qui permet mesurer la circulation de l’eau sous terre et le niveau de la nappe d’eau.

Manifestement ça ne chôme pas là-dessous. Pour preuve, lors de notre visite, nous croisons 4 chercheurs dans cette partie du réseau.


Sorti du labo, on est chaud pour faire un peu de spéléo avec la visite du « nouveau réseau ». L’entrée dans la galerie se fait par un puit. On délaisse la corde à nœud qui y a été installée pour le désescalader en se concentrant sur les prises. Ça passe plutôt bien. On débouche dans une galerie.

S’appuyant sur les résultats des recherches menées dans cette partie du réseau, Yves Quinif fait défiler devant nous plusieurs dizaines de milliers d’années de la vie de la grotte.

La grande salle est en grande partie comblée par des dépôts argileux. Insistant sur la valeur de ces dépôts, il nous fait voir par exemple des zones dans le remplissage où l’agile est mêlée de galets, zone qui correspond à une grande vague de boues qui aurait déferlé dans la grotte à la fin de la dernières ère glaciaire.
Ce remplissage particulier repose et est surmonté de couches de dépôts argileux aux profils plus réguliers.

On admire le "grand bleu" et le "petit noir", les deux points d’eau de la grotte avant de faire demi-tour avec une petite digression par la magnifique marmite de géant qui nous permet une nouvelle fois d’admirer la successions des couches de remplissage d’agile.


Super sortie qui se termine autour du traditionnel apéro.


Fred


TPST : 04h00.


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Avant toute chose, je voudrais remercier le Docteur Yves Quinif qui nous a fait le plaisir de partager cette visite avec nous. Je vous laisse lire son curriculum vitae afin de vous faire découvrir que c’est un grand monsieur, un monsieur à écouter afin d’essayer de transmettre à notre communauté spéléo une infime partie de son savoir.

Yves Quinif :
* Docteur en sciences chimiques de l'Université Libre de Bruxelles.
* Chef de travaux chargé de cours à temps partiel au Service de Géologie Fondamentale et Appliquée.
* Directeur scientifique du Centre d'Etudes et de Recherches Appliquées au Karst (CERAK).
* En charge du cours, des travaux et des excursions de géologie générale et de géologie de la Belgique.
* Spéléologue devant l'éternel.

Revenons à Lorette, à la grotte de Lorette. Elle est située sur les hauteurs de Rochefort. Elle est considérée comme la petite sœur de la Grotte de Han. Moins connue, mais tout aussi intéressante.

Notre visite commence par la visite du laboratoire installé dans l’ancienne partie touristique de la grotte.
Un escalier glissant et couvert de feuille nous conduit à la porte d’entrée située dans le bas du porche d’entrée.

Sur le flanc de la doline se trouve un réseau de capteurs résistif qui mesure la conductivité de la terre à différent niveau afin de comprendre comment l’eau s’infiltre dans le sol. Deux autres appareils, l’un en surface et l’autre dans la grotte mesure la gravité terrestre avec grande précision.

C’est comme cela que l’on peut estimer la hauteur d’eau de la nappe qui se trouve au-dessus de la couche imperméable.

Dans différents endroits de la grotte se trouve des capteurs piézo résistif immergé qui mesure la hauteur d’eau. Quand il pleut, l’eau s’écoule dans la terre jusqu'à ce qu’elle rencontre un milieu imperméable ou semi-imperméable.
Ensuite, il lui faut un certain temps pour s’écouler vers le bas. Ces données permettent de comprendre la porosité de la couche perméable.

Dans la première salle, nous rencontrons un drôle de tuyau orange avec un chapeau vert. Cette instrument de mesure est placé à l’aplomb d’une chute de gouttes d’eau.
C’est un appareil qui mesure la quantité d’eau qui tombe par minute du plafond. Ces données sont envoyées à l’université de Mons, comme l’ensemble des données des différents appareils de mesure se trouvant dans ce laboratoire sous terrain, unique en Belgique.

Après être passés dans une petite galerie, nous arrivons à l’endroit où un élève du professeur Quinif a fait une découverte majeure pour la Belgique.

Cet élève était intriguée par la texture du calcaire sur la paroi et était persuadée que ce n’était pas une fracture dans le calcaire qu’il observait au plafond.

C’est à cet endroit qu’il est possible de voir et de mesurer le glissement de deux massifs calcaires.
Un appareil de mesure très précise basé sur un effet capacitif (condensateur électrique alimenté en alternatif) a été collé entre les deux partie de calcaire en mouvement.

Si mes souvenirs son correct, le glissement est de l’ordre de 10 microns par an. Ce n’est rien, mais il faut imaginer l’énergie nécessaire pour mettre en mouvement ces gigantesques masses de calcaire.
Ensuite, nous retournons dans la salle d’entrée en passant à côté du deuxième appareil qui mesure la gravité avec précision. Comme nous fait remarquer Yves, à Mons il voit notre passage.

De retour dans la salle, nous remontons quelques marches vers la sortie pour bifurquer sur la gauche et escalader la roche pour enfin commencer la spéléo, comme nous dit Yves.

Nous descendons dans une faille inclinée qui fait approximativement une dizaine de mètres de haut.

Ensuite avec quelques efforts de spéléo et être passé près du crique qui retient la faille, nous arrivons dans une grande galerie horizontale remplie en partie par des dépôts de terre et de galets emporter par des crues lors de périodes datant d’après la dernière glaciation.

Pour Yves, ceci est une preuve que les grottes se forment, entre autres, d’abord par une attaque chimique (Les Fantômes de Roche. Auteur : Yves Quinif) et ensuite viennent les phénomènes d’érosion mécanique.

Après il y a la formation des fistuleuses qui donneront naissance aux stalactites et les autres phénomènes que nous pouvons contempler sous terre.

Dans cette grande galerie, une coupe dans le dépôt de sédiment a été faite pour comprendre et dater les différentes couches de terre.

Dans le fond de cette galerie, l’eau monte de quelques mètres quand l’eau de la Lomme déborde et que le porche d’entrée du Nou Maulin est sous eau.
Après avoir passé une petite échelle pour descendre dans une grande salle, nous apercevons l’eau du premier petit lac (siphon plongé sur 55 mètres), ensuite nous allons voir le deuxième lac, un peu plus grand (siphon plongé sur 6 mètres).

Au retour, nous montons dans une galerie pour aller voir un phénomène précieux pour les géologues. C’est un trou cylindrique qui est formé par un phénomène de sous-titrage.

Yves nous explique les différentes couches de terre et de petits galets qui correspondent aux différents moments de la vie des couches de sédiment déposé par les crues gigantesques que la région a connu après la dernière période de glaciation.

Au retour, Greg en profite pour faire des photos en criant « Léon ! ». Nous apprenons lors du passage du puits d’entrée que Thierry n’a plus tirer un coup depuis plus de 15 ans. Est-ce dû à la diminution des budgets du ministre de la Défense ? Seul Thierry pourra vous répondre.

Nous voici de retour dans l’escalier d’entrée et notre retour vers la sortie. Arrivés sur le parking, deux braves ouvriers communaux, armés de leur canon à feuille nous regardent avec nos combis immaculés de boue. Et dire qu’on nous avait dit qu’il fallait une combi propre pour cette sortie !

Je remercie Yves pour les nombreuses explications et sa disponibilité. Comme écrit dans son curriculum vitae, Yves est spéléologue devant l’éternel et qui vous entraine dans son monde de chercheur en étant capable de vulgariser son savoir.

Merci.

Pierre d’Obaix




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