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Date : 5/1/2012
Lieu : Caumont. Normandie.
Activité : Carrière de Caumont.

Description :

Participants : Juju-Greg.

Il y a deux principales carrières à Caumont, suivies d'une tripotée de plus petites ou de nombreuses grottes en flanc de coteau, la falaise est d'ailleurs un peu plus connue pour ce dernier point que pour son aventure industrielle. Les deux carrières s'appellent : la carrière du Pylone et la carrière des Maquisards. La seconde s'appelle aussi, parfois sur les plans, Les Grandes Carrières.
La pierre de la carrière visitée et décrite dans cette page a servi pour la construction de la cathédrale de Rouen. On a un peu de peine à se l'imaginer, tant la pierre peut prendre des aspects informes ou coquillier à certains endroits, mais c'est pourtant attesté. La cathédrale du Havre en provient aussi. Certains bancs étaient d'excellente qualité. A certains endroits et surtout en début de coteau, c'est une craie fine et pure. C'est d'ailleurs en ces lieux une pierre d'une blancheur éclatante, marquée ça et là par des lignes de bancs de silex noirs. Ces lignes sont précises et strient les parois en hauteur, on les appelle des larmiers.
On accède à la grande carrière par un joli chemin surélevé, entre les maisons d'habitation en bord de Seine, qui se nomme le chemin des carriers. Dès le départ, le cavage immense donne sur un volume cyclopéen. Les galeries font vingt mètres de haut pour trente de large. En certains endroits, on ne serait pas loin du Bec de l'Echaillon. L'ensemble, assez vaste, est un maillage aux dimensions impressionnantes. Quelquefois on cherche ses repères, où se trouve le plafond ? On est si petit...
A noter la présence de nombreuses grottes recoupant l'intérieur du réseau - enfin plutôt l'inverse -, un site d'étude hydrogéologique, et de nombreuses chauves-souris. Le petit pont construit dans l'usine date de 1997, il a été construit par un spéléo maçon, pour éviter de passer dans la zone d'éboulement à l'entrée usine.
La particularité de cette carrière, c'est de posséder le vestige d'une ancienne usine allemande. Celle-ci portait le nom de code Steinkohle 1301. C'était une base souterraine, construite en secret, afin de produire de l'oxygène liquide à partir de l'air ambiant. On y trouve tout particulièrement une longue usine bétonnée, étalée dans 300 mètres de galerie. Il reste parfois des caniveaux de passage de câbles. Le bunker n'est cependant plus très parlant aujourd'hui. Cet aspect est renforcé par le fait que cette usine n'a jamais été terminée. Le débarquement américain arriva trop tôt pour les allemands, pris de court. Cette installation fut abandonnée en juillet 1944.
Cette usine était renforcée, à quelques kilomètres de là, par le site souterrain de production de Dieppedalle. C'était l'équivalent de Caumont, mais sur la rive droite de la Seine.
La carrière de Caumont, outre cet aspect sombre de l'histoire, possède un développement souterrain assez intéressant, surtout dans le fond. La galerie dite des 10 échos, longue de 250 mètres, en cul de sac (heureusement !!), est un régal de réverbération. On en a bien profité ! En résumé, oui... une chance qu'il n'y ait pas de voisinage :)


L'usine allemande de production d'oxygène liquide pour V2 :

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'armée allemande développa une fusée à longue portée nommée A4. Cette fusée avait une portée de 300 km, pour une précision de 8 km. Le propulseur qui l'annime fonctionne à l'alcool avec de l’oxygène liquide comme comburant. Suite aux premières défaites allemandes, Hitler amorce le 22 décembre 1942 le programme de production industrielle de la fusée A4, qui est alors renommée V2. Ce nom est l’abréviation de "Vergeltungsawaffe 2", ce qui signifie : "Arme de représailles N°2". Le choix de cette arme, plutôt qu’une autre, vient du fait que la fusée ne pouvait être contrée par aucune autre. De plus, elle peut être tirée à partir de sites de lancement mobile et donc difficilement repérable. L'objectif était de bombarder Londres et d'empêcher le débarquement alliés en Normandie, mais elle fut opérationnelle trop tard.
L’organisation Todt prend en charge ce plan de construction d’ouvrages bétonnés spéciaux ("Sonderbauten") destinés à produire les fusées. Il fut décidé de créer 3 types d’ouvrages: des usines d’assemblage, des usines de production de l’O2 liquide et des sites de stockage (voir Carrière Hennocque). Les carrières de Caumont furent intégrées à ce programme, sous le nom de code "Steinkohle N° 1301", afin d'y installer une usine souterraine de production d'oxygène liquide destinée aux moteurs des fusées A4-V2. Cette usine ne fut jamais fonctionnelle et le projet fut abandonné en juillet 1944 sur l'avance des alliés.
Les allemands prirent possession des carrières ainsi que du Bas-Caumont où les habitants furent évacués en janvier 1943. L'organisation TODT débuta par d'importants travaux de terrassement afin d'installer une voie de chemin de fer destinée à apporter les matériaux de construction. Cette portion de voie fut raccordée au réseau ferré de Grand Couronne. Les péniches apportèrent également des matériaux pour la confection du ballaste de voie.Cette voie férrée aurait également permis le transport par wagon citerne de l'oxygène liquide ou A-Stoff puis des citernes routières tractées par des camions sur les sites de tir des V2.
Le site fut sécurisé via la mise en place de batteries antiaériennes dans la forêt située au dessus des carrières.

Lors des travaux de construction de l'usine souterraine, fut employé des explosifs afin de gagner du temps, il y eu de nombreux éboulements fragilisant le site. La TODT chargée des travaux édifia un bunker de 300 m de long et de 20.000 t de béton. Les travaux furent menés par 600 ouviers composés d'allemands ainsi que de requis français et nord africains. Des entreprises locales contribuèrent à fournir la main-d'oeuvre et du bois pour la confection des coffrages à béton.

Greg

TPST : 4h00.

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